
Des sushis aux mangas en passant par le wabi-sabi ou encore les films de Murakami, le Japon connaît actuellement un engouement extraordinaire auprès de tous, y compris les plus jeunes. Alors certes me direz-vous, cette attirance existait déjà au XIX ème siècle quand Monet découvrait et collectionnait les estampes d’Hokusai ou quand l’industriel Emile Guimet décidait d’ouvrir en 1927 au public sa collection d’art asiatique créant ainsi le Musée Guimet. Quoiqu’il en soit, lorsqu’on s’intéresse au Japon et à ses coutumes, on ne peut pas ignorer la tradition artisanale du papier washi, ce papier aux longues fibres du mûrier, fabriqué depuis le VIIème siècle et dont le savoir-faire est classé au Patrimoine immatériel de l’Humanité de l’Unesco.
Il n’en fallait pas plus au Moulin du Got, ce moulin qui à St Léonard peut se vanter de 500 ans d’activité papetière, pour nous offrir une exposition baptisée Influences nippones.
Nous avons donc vêtu notre plus beau kimono pour vous faire découvrir cette exposition tout en finesse et délicatesse dont la scénographie s’insère magnifiquement dans l’atmosphère unique du séchoir du moulin.
La mise en scène justement a été réalisée par les élèves en design d’espace du lycée Raymond Loewy à La Souterraine qui ont privilégié le carton et les couleurs rouge, noir et blanc selon le cahier des charges demandé par Marie-Claire Cluzel, directrice du Moulin.
Mission réussie puisque cette exposition scénarisée vous invite à un voyage au pays du Soleil Levant où l’imaginaire et la poésie se déclinent à travers les oeuvres en papier d’artistes contemporains nationaux et internationaux.
Alors, aujourd’hui, je ne vous ferais pas une visite détaillée de l’exposition car je souhaite que vos pas vous guident jusqu’à St Léonard pour découvrir vous-mêmes les oeuvres exposées mais j’attirerais seulement votre attention sur les créations qui m’ont émerveillée. Vous êtes prêts ?
Si je devais désigner une seule oeuvre, ce serait celle de l’américaine Liz Mitchell qui a fait le déplacement de Washington pour installer son kimono géant aérien avec ses multiples papillons de papiers colorés illustrant un célèbre conte japonais.
Je suis joueuse et volontairement la photo que j’ai prise ne dévoile pas dans sa totalité l’oeuvre de cette artiste qui est une des pièces maîtresse de l’exposition mais j’ai fait un focus sur les papillons de papier qui s’envolent et dont l’ombre joue avec la lumière tamisée de l’exposition.
La grue est traditionnellement un symbole fréquent japonais puisqu’il promet longévité et bonne fortune. C’est pour cela que ces oiseaux gracieux noir et blanc avec leur couronne rouge se retrouvent souvent brodés sur des kimonos, les papiers et en origami. Pour info, on les appelle alors oritsuru et une belle légende précise que si on réalise mille grues en origami, on voit ses voeux réalisés.
J’espère que c’est le cas pour l’artiste roumain Cristian Marianciuc qui pour sa première exposition française ici, au moulin a réalisé pendant 1000 jours ces origamis que l’on pourrait confondre avec des bijoux. Un travail d’orfèvrerie qui conjugue précision et couleurs.

L’atelier du papier mâché de Limoges a travaillé lui, autour des masques et de la tradition du théâtre Nô qui traditionnellement avec ses masques et costumes somptueux mélange chroniques en vers et pantomines.
Quelle belle découverte aussi que l’utilisation de vieux mangas insérés dans un papier ou encore l’utilisation du sumi-e, cette technique de peinture à l’encre de chine qui ici à droite reproduit les bouches d’égôuts d’un village papetier japonais !
Surprenant non ? Mais il faut savoir que l’art urbain des plaques d’égôut est très développé au Japon et qu’il permet de valoriser le patrimoine local. Une idée pour St Léonard ou Limoges, non ?
Je termine ma visite avec le travail d’une finesse étonnante de Jean-Marie Letellier et Miki Nakamura, artistes connus en France pour avoir développé l’usage du kozo ou fibre de mûrier et créé des oeuvres uniques sorties tout droit de leur imaginaire.
Voici quelques unes des créations que vous trouverez mais bien d’autres encore vous surprendront et sachez que le moulin organise des ateliers pour adultes et enfants autour de la thématique japonaise qui vous permettront de poursuivre la visite.
Vous pourrez ainsi réaliser de la marbrure japonaise ou suminagashi, vous initier à la calligraphie japonaise ou encore à l’origami. Alors n’hésitez pas à réserver vos places !
Enfin il serait dommage de ne pas profiter de l’exposition pour visiter ce moulin construit au XVIème siècle en bord de Vienne et qui est le témoin vivant de l’importante activité papetière de notre territoire.
On y découvre des savoirs-faire anciens, la fabrication du papier de la pâte à la feuille mais aussi les différentes machines en état de fonctionnement jusqu’à l’imprimerie, ses caractères mobiles et ses presses automatiques.
N’oubliez pas aussi de regarder les dernières fabrications innovantes de la dynamique équipe du moulin et notamment les papiers faits avec des épluchures d’asperges, de poireaux ou encore d’artichauts valorisant les déchets domestiques.
Et puis surtout, ne quittez pas le moulin sans passer par la boutique qui offre une grande diversité de produits pour la plupart réalisés sur place. Du carnet gaufré au marque page ou à la carte d’anniversaire, vous trouverez le cadeau ou le souvenir original à rapporter de votre visite dans ce lieu incontournable d’un séjour miaulétou.
Belles découvertes à vous, sayonara
Marie-Dominique
Moulin du Got- Exposition influences nippones
Le Pénitent 87400 St Léonard de Noblat
Horaires d’ouverture et réservations visites guidées et ateliers au 05 55 5718 74
Tarifs : 4 euros entrée de l’exposition seule ou visite guidée complète du moulin et de l’exposition pour 9 euros par adulte et 4 euros par enfant